Yannick Bestaven, Arnaud Boissières, Philippe Presti ont apposé leurs empreintes sur la jetée Thiers. Interview croisée de trois « enfants du pays » profondément attachés au Bassin d’Arcachon.
Yannick Bestaven, Arnaud Boissières, Philippe Presti ont apposé leurs empreintes sur la jetée Thiers. Interview croisée de trois « enfants du pays » profondément attachés au Bassin d’Arcachon.
Y.B : D’abord la Mini Transat relevée en double avec Arnaud Boissières. Yves parlier nous a donné le goût de la course au large et nous a encouragés à construire nos bateaux. Ma 1ere participation au Vendée Globe, en 2008 : j’ai démâté, ça aurait pu sonner la fin de ma carrière. Mes victoires à la Transat Jacques-Vabre en 2011 et 2015 m’ont relancé dans la compétition.
A.B : Jeune, le restaurateur du café Thiers m’a laissé skipper son catamaran avec lequel j’ai participé à mes premières transats. Sa confiance a été capitale pour la suite. Notre Mini Transat, avec Yannick Bestaven nous a permis de nous lancer, grâce au soutien d’Yves Parlier. Arcachon est une « pépinière », il y a une vraie solidarité entre les générations de navigateurs. Ma participation à la Solitaire du Figaro marque mon entrée dans la course au large.
P.P : J’ai appris la voile en famille sur le lac de cazaux. Mais j’ai commencé tardivement la compétition, avec une sélection aux J.O d’Atlanta puis Sydney, deux titres de champion du monde en Finn. En 2003, j’ai été skipper du Défi français pour la coupe de l’America. Sept ans plus tard, je suis devenu coach de l’équipe Oracle Team USA, avec laquelle nous avons gagné la Coupe de l’America pour la 1ere fois à Valence.
Y.B. : Un honneur qui me permet de remettre un pied sur le Bassin : c’est une étape vers mon retour !
A.B. : J’ai un « petit » pied marin*, mais la portée de l’évènement est grande ! C’est une reconnaissance entre copains, et c’est émouvant, impressionnant même, de se retrouver aux côtés de maîtres absolus comme Titouan Lamazou.
P.P. : J’ai été touché de cette reconnaissance, reçue au milieu de ceux que j’aime, au même titre que mes amis avec qui j’ai grandi et navigué
Y.B. : Une adolescence insouciante : les régates du 15 août en pinassotes jusqu’à l’Île aux Oiseaux où on allait jouer au rugby. Et la descente de la Dune du Pilat en « snow » l’hiver…
A.B. : Quand j’avais 10-11 ans, on partait plusieurs jours sur le voilier familial. C’était le « camping version Bassin », les pique-niques, la pêche, la peau salée… Quelle liberté !
P.P. : J’ai une relation particulière avec le Bassin, sa nature sauvage, ses forêts, ses lacs comme celui de Cazaux où je passais mes vacances enfant. Je m’y sens toujours bien.
Y.B. : Mes 2 filles !
A.B. : Être longtemps seul en mer permet de réfléchir au plus important. Alors je dirais mes enfants, qui étaient à mon arrivée au dernier Vendée Globe : un moment intense.
P.P. : La période de la Coupe de l’America 2013. J’étais alors entraîneur de l’équipe Oracle Team USA : après une semaine de course, on est mené 8 à 0… Pourtant, on a réussi à trouver les ressources pour progresser, se ressouder. On a fini par battre Team New Zealand 9 à 8 ! J’en tire énormément de leçons.
Y.B. : Je suis un enfant du Bassin, j’ai grandi à Biganos. J’ai exploré les moindres recoins de la Leyre en canoë-kayak. J’ai été moniteur de planche à voile. J’y conserve mes attaches familiales. Je rêve de revenir !
A.B. : La maison familiale à Pereire, un havre de paix hors-saison.
P.P. : Ce sont mes racines, j’ai un fort attachement à cet endroit. Parfois je pars avec ma famille sur des campagnes de 3 ou 4 ans. C’est notre lieu de retour : il stabilise les enfants avant de voguer vers d’autres aventures.
Y.B. : J’en ai accompli beaucoup comme gagner le Vendée Globe. Même si c’est ambitieux, je voudrais y retourner et… gagner de nouveau ? Pourquoi pas !
A.B. : Faire un 5e Vendée Globe avec mon bateau actuel (IMOCA La Mie Câline- Artisans artipôle).
P.P. : Soulever encore le trophée de la Coupe de l’America, avec une nouvelle équipe.
Y.B. : Quand j’étais petit, je voulais être océanographe.
A.B. : J’aurais été… marin !
P.P. : J’étais parti pour être enseignant, mais j’aurais adoré travailler dans la musique. On ne peut pas tout faire !